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Photographier la difference... Partie II





Evoquons maintenant les différences qui ont ostracisé certains individus et les ont tenu confinés ou même éloignés de la communauté des humains. Ce sont les malformés, porteurs d'anomalies parfois monstrueuses ( Elephant Man ), les handicapés physiques ( aveugles, paralytiques, amputés... ) ou mentaux, ainsi que les malades très affaiblis dont l'aspect est cruellement dégradé. Parfois des lésions cutanées évoquant une maladie contagieuse sont source d'inquiétude et de dégoût voire d'angoisse chez le spectateur. Nous gardons en mémoire le souvenir des léproseries ou maladreries du Moyen-Age, des épidémies de peste présentes en France jusqu'au 18ème siècle et des soins mortuaires décrits par Giono dans "Le Hussard sur le toit".

Quelles sont donc les motivations du photographe qui décide de documenter ses patients?
D'abord, c'est le sentiment d'empathie pour le sujet, le besoin de traduire l'intérêt et le respect qu'il lui porte, car avant d'être un sujet d'étude, c'est une personne humaine qu'il a devant lui.
Parfois, ce sont les malades eux-mêmes qui veulent exposer leur pathologie, témoigner de leur vécu quotidien, de la réalité de leur souffrance, mais aussi de leur moment d'apaisement et même de joie lorsque la douleur est jugulée et lorsque renait l'espoir d'une rémission. Ainsi l'alopécie n'empêche pas les femmes cancéreuses de se maquiller ni de reprendre confiance en elles.
La

La représentation imagée de la maladie, de ses stigmates, comme du handicap peut aider le patient à les accepter, les apprivoiser et puiser l'énergie nécessaire pour les combattre, continuer à aimer la vie et trouver une place dans la société. Mais ne nous leurrons pas, dans d'autres cas regarder la réalité en face et en prendre conscience activent le sentiment de révolte, le découragement et la détresse.




Les pathologies que nous venons  d'évoquer impliquent essentiellement le physique et ont des traductions immédiatement visibles, évidentes.



Il en va différemment des maladies mentales. Elles sont très polymorphes, plus ou moins gommées par les traitements, et d'apparence trompeuse. Les représentations que la photo peut en donner sont très variées et illustrent la diversité du vécu de chaque patient : moments de prostration, épisodes violents ou comiques, et surtout solitude et souffrance muettes. En effet, l'isolement est le dénominateur commun de ces malades : abandon de la vie relationnelle et parfois même isolement physique de ceux qui sont placés en secteur fermé.
En revanche, les portraits que M.Riboud fait de sa fille trisomique respirent la beauté, la tendresse, la paix et l'amour de la vie.




Dans une troisième et dernière partie, nous évoquerons le possible impact de ces travaux photos sur le spectateur et nous tenterons une conclusion.

Marie vous parle photos
Photos de Jean-André Halin

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