Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles du 2017

Photos des aspects étranges et surprenants de la nature

Chez certains individus, l'acuité très développée du regard est source d'imagination créatrice... Elle fait apparaître des images par delà les images que le philosophe Gaston Bachelard nomme "images imaginées". Ainsi les racines et les bois anciens, érodés, contorsionnés ressemblent à des mains et des pieds ou bien à des serpents, des dragons, des animaux monstrueux... Les paysages, les rochers, les grottes sont anthropomorphes ou zoomorphes selon qu'ils évoquent des physionomies humaines ou animales. Les nuages, le feu, les fumées génèrent des apparitions spectrales. Avec ces visions fantastiques, le monde visible s'ouvre sur l'invisible. En Afrique et en Océanie, les lianes et les bois anthropomorphes sont collectés et alimentent des rituels de voyance magique célébrant la vitalité organique du bois et la communication magique entre les mondes terrestres, célestes et souterrains. Au Mexique, les silex sont des objets votifs, rit

Photographier les éléments naturels

Nous envisageons la représentation des éléments naturels : en premier lieu la pierre qui est la matière solide et qui constitue les rochers, les cailloux, le sable, les montagnes... et en deuxième lieu la matière liquide représentée par la mer, les fleuves, les lacs, les cascades et l'écume... La pierre, âgée de plusieurs millénaires, nous fascine car elle est l'écho de l'origine du monde. Les marbres et les agates qui présentent souvent en surface des dessins naturels sont d'une beauté saisissante. Erodée et polie par l'eau, la pierre témoigne du travail de la nature et de l'énergie d'un monde mouvant encore mystérieux et responsable de terribles tremblements de terre. La mer évoque les sensations voluptueuses de l'eau coulant sur la peau, l'odeur des bouffées d'air salin, la marche crissante sur le sable et les jeux de plage. Elle signifie aussi l'appel du large, l'attraction des profondeurs et l'iv

Photographier la différence... Fin

Plus que tout autre thème, celui de la différence questionne le photographe sur son rôle et sur l'impact qu'auront ses vues sur le spectateur : simple témoignage, le plus lucide et le plus objectif possible ou images provocatrices ou dénonciatrices, dramatisantes, militantes... ou encore ironiques. Parfois le photographe s'amuse au jeu des différences comme A.Gronsky en Russie : il montre les rues et les enseignes commerciales d'un quartier de Saint-Petersbourg constitué de blocs d'immeubles des années 1960-70 tous ressemblants malgré leurs différences. Une étrange confusion saisie alors le spectateur dans un trouble comique. Parfois l'histoire personnelle de l'artiste conditionne et oriente durablement son travail. Ainsi le chinois Gao Bo qui était enfant pendant la Révolution culturelle fut témoin de la mort violente de sa mère, d'atrocités multiples, d'exécutions par balle en public. Traumatisé des années durant, il décida de rendre ho

Photographier la différence... Partie III

Nous avons vu comment la photo peut documenter les différences entre les êtres humains : différences tantôt évidentes ( couleur de peau... ), tantôt discrètes, difficiles à cerner ( maladies mentales... ). Ce thème de la différence, toujours passionnant, est encore illustré cette année aux Rencontres d'Arles par les photos de nains et de géants provenant de la collection de C.Ribouilloult. Comment le spectateur reçoit-il les représentations de la différence? L'image peut-elle modifier sa perception, et le faire évoluer du rejet et de la stigmatisation vers l'attention, l'empathie et l'acceptation de ce qu'il ne voulait pas connaître? L'image peut-elle modifier sa vision du monde, voire sa vision de lui-même et le faire s'interroger sur sa propre vie? Morandini a trouvé intéressant de fixer le regard d'inconnus croisant dans la rue une jeune patiente en déambulateur : expression fuyante, gênée, ou effrayée, parfois regard inquisiteur d

Photographier la difference... Partie II

Evoquons maintenant les différences qui ont ostracisé certains individus et les ont tenu confinés ou même éloignés de la communauté des humains. Ce sont les malformés, porteurs d'anomalies parfois monstrueuses ( Elephant Man ), les handicapés physiques ( aveugles, paralytiques, amputés... ) ou mentaux, ainsi que les malades très affaiblis dont l'aspect est cruellement dégradé. Parfois des lésions cutanées évoquant une maladie contagieuse sont source d'inquiétude et de dégoût voire d'angoisse chez le spectateur. Nous gardons en mémoire le souvenir des léproseries ou maladreries du Moyen-Age, des épidémies de peste présentes en France jusqu'au 18ème siècle et des soins mortuaires décrits par Giono dans "Le Hussard sur le toit". Quelles sont donc les motivations du photographe qui décide de documenter ses patients? D'abord, c'est le sentiment d'empathie pour le sujet, le besoin de traduire l'intérêt et le respect qu'il lui porte,

Photographier la différence...Partie I

Exceptés les vrais jumeaux, tous les êtres humains sont uniques et différents les uns des autres car chaque individu est doté d'un capital génétique qui lui est propre. Nous nous proposons d'évoquer les différences évidentes ou non entre les êtres. Ce thème attractif a souvent séduit les artistes et notamment les photographes. Dès les débuts de la photographie, les voyageurs et les explorateurs qui parcourent le monde fixent les images des pays lointains et de leurs populations. Goût de l'exotisme et intention pédagogiques s'entremêlent. On découvre des paysages, des civilisations et des expressions artistiques étonnantes inconnues des européens. Le premier caractère mis en évidence est la couleur de la peau. Schématiquement, on retient basique ment que les asiatiques sont jaunes, les amérindiens rouges, les africains noirs, les arabes basanés... Lorsque L.Sedar Senior est élu à l'Académie française en 1984, la presse de gauche le nomme &quo

La lumière naturelle

La lumière naturelle est la clarté émise par le rayonnement du soleil. Les sujets ainsi éclairés renvoient un rayonnement diffus que les systèmes optiques comme l'oeil et l'appareil photo traduisent en image par réflection ou réfraction. Le photographe doit donc connaître la course du soleil selon les heures et les saisons, ainsi que les sites et l'orientation des sujets qu'il désire capter. Car la lumière naturelle n'éclaire pas ou ne met pas en valeur à tout moment les mêmes sites. Elle ne se commande pas. Elle sculpte la matière, façonne les paysages, souligne ou estompe les contours, les volumes et les couleurs selon les heures, les saisons, et le climat. Elle peut varier très vite, surtout en bord de mer et en montagne où les passages nuageux inopinés sont peu prévisibles! Enfin, elle produit les contrastes et donc détermine les plans de la composition et la profondeur de champ. Ainsi l'artiste prépare son travail en repérant son s

La Co-Cathédrale Saint Jean... Partie II

Le pouvoir d'attraction quasi magique de l'art baroque frappe instantanément l'oeil du photographe : le baroque met en valeur la couleur, souligne le rôle de la lumière, utilise des compositions surprenantes, des agencements audacieux et surtout affectionne les dorures omniprésentes dans la décoration. Preti peint la voûte avec les épisodes de la vie de Saint Jean-Baptiste, tandis que la nef est décorée de feuillages, fleurs, anges dorés, armoiries à profusion. La Co-Ca comporte neuf chapelles latérales dont huit sont dédiées aux langues des chevaliers de l'Ordre issus des grandes familles aristocratiques européennes. Chaque chapelle est consacrée à un saint dont Preti représente la vie sur les retables et les lunettes de ces chapelles. Ce sont des oeuvres colorées, élégantes, vivantes. En outre, ont été érigés dans chaque chapelle des monuments funéraires consacrés aux Grands Maîtres. Leurs bustes sont en marbre blanc ou vert, ou en bronze doré : ils sont à

La Co-Cathédrale Saint Jean à Malte

La C.C Saint Jean, située au coeur de la capitale La Vallette, fut pendant plus de 200 ans l'église de l'Ordre des Chevaliers de Saint Jean de Jérusalem. C'est un monument d'importance internationale typique de la grande époque baroque. L'Ordre des Chevaliers de Saint Jean fut créé au XIième siècle à Jérusalem pour aider les pélerins chrétiens en Terre Sainte. D'abord simple Ordre hospitalier, il fut ensuite investi d'une mission : protéger l'Europe et la religion catholique des attaques répétées des Turcs de l'Empire Ottoman. Lorsque l'Ordre perdit ses bases militaires de Jérusalem puis de Rhodes, il reçut de l'Empereur Charles Quint l'Ile de Malte. Au XVIième siècle, les Chevaliers en firent une forteresse digne d'un Ordre militaire. La capitale La Valette porte le nom du Grand Maître Jean de La Vallette, héros du siège perdu par les assaillants turcs en 1565. Les Chevaliers étaient issus des grandes familles aristocratiques

Le photoreportage... Partie V

En 1971, R.D part au Chili, c'est le premier anniversaire de la prise de pouvoir par Allende. Grâce à un portrait qu'il avait fait de Pompidou et qui était publiée en une par l'Express dans l'édition internationale, R.D se fait connaître et a accès au Président. Ainsi, il photographie Allende au palais de la Moneda. Le Chili est en pleine réforme agraire. Pendant cinq semaines R.D en parcourt le Sud, territoire des Indiens Mapuches. Il en revient ébloui et heureux. Ensuite il séjourne une semaine en Algérie auprès des réfugiés touaregs du Mali. En 1978 il rentre à Magnum et part à Beyrouth pour Stern. Il montre la vie sous les bombardements et les tirs des snipers, ainsi que les conséquences de la guerre. Ce sont les façades délabrées et les voitures criblées de balles... Il reviendra au Liban en 1991 : la guerre est finie, il n'y a plus que des ruines.   En 1979/80, R.D est en Ecosse, à Glasgow, pour le Sunday Times. Il met en évidenc

Le photoreportage... Partie IV

Avec Raymond Depardon nous évoquons un artiste bien différent d'H.C.B. En 2014, alors qu'il est rédacteur en chef invité de Photo magazine, il a 71 ans. Il est toujours actif, voyage et est avide d'observer la façon de vivre des hommes proches et lointains. Enfant de paysan, il s'applique à représenter ces femmes et ces hommes des zones rurales, en voie de disparition. Ses auto-portraits tirés en 1959/60 montrent la maison de son enfance, la ferme du Garet à Villefranche sur Saône. En 2007, il réalise trois films et publie un livre "France, la terre des paysans". Par ailleurs sa technique photo est différente de celle d'H.C.B : R.D vient du cinéma. Il opte toujours de principe pour la couleur. Deux exceptions lui font préférer le noir et blanc. Tout d'abord pour ses premiers reportages sur des évènements violents dans des pays difficiles : ce sont les oeuvres d'un artiste "combattant, en colère, silencieux". Il s'agit de

Le photoreportage... Partie III

Le reportage photo est maintenant une histoire racontée en plusieurs prises et non plus sur une seule vue. Pour MAGNUM, H.C.B choisit de travailler en Asie. Il y restera trois ans. En 1937 il a épousé une javanaise qui milite pour l'indépendance de l'Indonésie et l'intéresse à l'Extrême-Orient. Il commence par un séjour en Inde qui est en plein processus de décolonisation. Il assiste à la Partition, rencontre Gandhi quelques heures avant son assassinat et photographie ses funérailles le 31/01/1948. Puis il fait deux séjours en Chine. Lors du premier, en 1948/49, il assiste à l'effondrement du régime nationaliste du Kuomintang et à la prise de pouvoir par les communistes. Il travaille pour Life. A côté de la photo noir et blanc ( "un eunuque à la Cour impériale" 1948 ), il développe la photo couleur. Il prend alors des plans d'ensemble traduisant la multitude : ce sont les foules, les défilés militaires, les grands rassemblements d'ouvriers,

Le photoreportage.... Partie II

Dans les années 1930, H.C.B partage les mêmes idéologies et les mêmes engagements politiques que les surréalistes : communiste, anti-fasciste, anti-colonialiste, il considère le communisme comme un contre-pouvoir nécessaire face aux ligues d'extrême-droite qui manifestent en 1934, et face à la menace fasciste qui pèse sur l'Europe ( Allemagne, Italie, Espagne ). Il se rapproche des écrivains et artistes révolutionnaires comme le photographe R.Capa et le cinéaste Jean Renoir. Il collabore à trois films majeurs de Renoir dont "La vie est à nous" qui traduit l'esprit du Front Populaire et est interdit par la censure. H.C.B n'a pas la carte du Parti Communiste, mais c'est un artiste libre qui travaille pour le magazine du P.C. "Regards" et pour le journal d'Aragon "Ce Soir". Il photographie les congés payés avec "Dimanche sur les bords de Seine" en 1938. Il votera communiste jusqu'en 1956, date de l'insurrection

Le photo-reportage avec Cartier-Bresson, Depardon, Capa... Partie I

Nous commençons cette revue de quelques grands représentants du photo-reportage avec le plus célèbre d'entre eux : Henri Cartier-Bresson, dont le travail photographique s'étend de la fin des années  1920 au début des années 2000. "Le plus grand photographe des temps modernes" pour A.Pieyre de Mandiargues, H.C-B est aussi le premier a acquérir une notoriété internationale dés 1950. HC-B est issu de la haute bourgeoisie. Il acquiert une solide culture artistique au contact de J.E.Blanche et se forme au dessin et à la peinture dans l'atelier du cubiste André Lhote. Dans les années 1920/30 il fréquente le groupe surréaliste : il est proche de Max Ernst, il croise Dalì et se familiarise avec le rêve et les dérives de l'inconscient. Cette expérience dans l'avant-garde surréaliste lui permet de se libérer de la tradition artistique de l'époque ( post-impressionnisme... cubisme ). Lhote lui avait appris le sens de la composition, la géométrie et la struc

L'image insolite

L'image insolite se rencontre dans de nombreux travaux photographiques mais sa réalisation et sa finalité sont très diverses selon les artistes. Les photographes humanistes, souvent photo-reporters, travaillent en noir et blanc, privilégiant l'instantané ( "l'instant décisif" de H.C.Bresson ), avec une économie de moyens. Cadrages étudiés, points de vue originaux, gros plans sur les détails remarquables, angles inattendus nous permettent de mieux voir, ou de voir différemment le monde. C'est le but de S.Salgado, humaniste engagé : il nous montre les populations souffrantes de par le monde et la beauté fragile de la nature de plus en plus exploitée et meurtrie. La superbe patte de son Iguane marin des Galapagos en 2004 évoque de prime-abord une main gantée, et en 1982 la tête en gros plan du paysan indien du Brésil, ivre après une cérémonie festive, n'a pas une chevelure hirsute : l'homme se repose dans une peau de mouton! D'autres artistes,