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Affichage des articles du février, 2018

Nature en folie... Partie V

Pour figurer la matérialité de son motif, Courbet utilise une pâte épaisse appliquée au couteau à palette et un camaïeu austère de couleurs verte, brun-roux, ocre, et gris-noir. La texture des végétations luxuriantes, la rugosité des écorces évoquent l'énergie vitale du monde végétal. La masse imposante, robuste, parsemée d'aspérités des rochers montre la fascination de l'artiste pour le monde minéral et les brutales forces telluriques. En liaison avec des scientifiques, il s'intéresse à la géologie des roches stratifiées et à leur érosion. Parfois même, il traite les éléments aquatiques comme du minéral car Courbet est aussi un peintre de marines. Son premier contact avec la mer à Palavas, près de Montpellier, en 1854 lui fait représenter la plaine littorale du Languedoc. Les espaces infinis de la mer, les dunes de sable, les étangs sont coiffés d'un vaste ciel aux nuages mouvants. Dans les années 1860, Courbet est en Normandie, à Trouville et Et

Nature en folie... Partie IV

Dans les années 1850, G.Courbet (1819-1877) peint la forêt de Fontainebleau avec ses amis de l'Ecole de Barbizon. Mais c'est sa terre natale qui l'inspire et qui restera toute sa vie sa principale source de création artistique : la Franche-Comté, région inexplorée, excentrée, à la forte identité et à la longue tradition d'indépendance. Courbet représente la nature secrète de ses terres vierges et sauvages : plateaux calcaires, crayeux et arides, grottes obscures, ravins et vallées encaissées, puissantes falaises, sous-bois ombragés, eaux sombres des rivières. Ses premières vues panoramiques d'Ornans sont encore construites avec des perspectives classiques de plans étagés. Mais bien vite, il adopte un style original et audacieux souvent qualifié de réaliste. Déjà à Fontainebleau, il représente "l'Orée de la forêt" comme vue par le promeneur qui monte le chemin bordé par les arbres, dans un cadrage très naturel. Ses compositions devien

Nature en folie... Partie III

En France, "le Radeau de la Méduse", affiché au Salon de 1819 par T.Géricault est considéré comme le premier chef d'oeuvre romantique. Géricault, de formation néo-classique, a 28 ans et se libère des codes traditionnels de la peinture. Lorsqu'il meurt 5 ans plus tard, il laisse des portraits, des scènes de genre et des sujets équestres. Son ami E.Delacroix ne fut pas non plus un paysagiste : il occupe cependant une place majeure dans la première moitié du 19ième siècle car il inaugure une nouvelle ère artistique : il rejette les règles académiques et la perfection glacée des artistes néo-classiques. Il met à l'honneur la couleur, affirme la primauté de la peinture sur le dessin dont les contours deviennent parfois flous et il considère l'imagination plus importante que le savoir. Il s'applique à traduire le mouvement, l'intensité de l'instant, notamment lors de son voyage en Afrique du Nord, où il étudie le galop des chevaux. Il jette ai

Nature en folie...Partie II

Au début du 19ième siècle, Turner en Angleterre, Friedrich en Allemagne, sont les premiers représentants du Romantisme en peinture.  Turner, grand admirateur de Claude Lorrain, célèbre comme son maître la beauté de la lumière, mais il adopte un style exalté, mouvementé, révolutionnaire, très différent du climat calme et serein du Français. Les marines de Turner représentent des tempêtes terrifiantes où les rafales de vent et les entrechocs entre les vagues d'une violence inouïe, créent des mouvements tourbillonnants où les couleurs se diluent et les formes s'estompent. Au dessus de la mer déchaînée, les ciels d'orage et de pluie torrentielle affichent des ténèbres lugubres déchirés par endroits d'éclairs blancs. Ailleurs, ce sont des ciels flamboyants sur des scènes d'incendie, ou bien des avalanches, des arbres déracinés  sous une clarté irréelle de fin du monde.  Turner évoque le chaos originel, la puissance des forces élémentaires d'une