Accéder au contenu principal

Nature en folie... Partie V





Pour figurer la matérialité de son motif, Courbet utilise une pâte épaisse appliquée au couteau à palette et un camaïeu austère de couleurs verte, brun-roux, ocre, et gris-noir. La texture des végétations luxuriantes, la rugosité des écorces évoquent l'énergie vitale du monde végétal. La masse imposante, robuste, parsemée d'aspérités des rochers montre la fascination de l'artiste pour le monde minéral et les brutales forces telluriques. En liaison avec des scientifiques, il s'intéresse à la géologie des roches stratifiées et à leur érosion. Parfois même, il traite les éléments aquatiques comme du minéral car Courbet est aussi un peintre de marines.



Son premier contact avec la mer à Palavas, près de Montpellier, en 1854 lui fait représenter la plaine littorale du Languedoc. Les espaces infinis de la mer, les dunes de sable, les étangs sont coiffés d'un vaste ciel aux nuages mouvants. Dans les années 1860, Courbet est en Normandie, à Trouville et Etretat. Sur une ligne d'horizon basse, les immenses ciels changeants qui varient selon l'heure, la saison, la marée deviennent son principal motif. Il travaille sur les variations chromatiques et lumineuses où parfois se mêlent rivages, mer et ciel dans des tonalités oranges, roses, bleues, peut-être inspirées de Constable et de Turner...



D'autres oeuvres montrent une facture plus classique, pré-impressionniste avec une palette éclaircie pour les falaises d'Etretat sous l'influence probable de Boudin et de Jongkind. Surtout dans les années 1870 il réalise une série de vagues où le motif, en plan frontal rapproché, sans plage ni grêve, affleure et affronte le spectateur. La mer est traitée comme les rochers et les cascades de Franche-Comté en vert, gris, marron, ocre. La vague est fixée comme une matière solide, comme une crête rocheuse, bordée d'écume, sous un ciel tourmenté. Aucune présence humaine. La vague s'enroule et s'apparente à une grotte sombre!




Nous verrons plus tard que le réalisme de Courbet est plus complexe qu'il n'y paraît ...


#gustavecourbet #mariepmp #photo #marchévernaison
Marie vous parle photos
Photos de Jean-André Halin

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

La Co-Cathédrale Saint Jean à Malte

La C.C Saint Jean, située au coeur de la capitale La Vallette, fut pendant plus de 200 ans l'église de l'Ordre des Chevaliers de Saint Jean de Jérusalem. C'est un monument d'importance internationale typique de la grande époque baroque. L'Ordre des Chevaliers de Saint Jean fut créé au XIième siècle à Jérusalem pour aider les pélerins chrétiens en Terre Sainte. D'abord simple Ordre hospitalier, il fut ensuite investi d'une mission : protéger l'Europe et la religion catholique des attaques répétées des Turcs de l'Empire Ottoman. Lorsque l'Ordre perdit ses bases militaires de Jérusalem puis de Rhodes, il reçut de l'Empereur Charles Quint l'Ile de Malte. Au XVIième siècle, les Chevaliers en firent une forteresse digne d'un Ordre militaire. La capitale La Valette porte le nom du Grand Maître Jean de La Vallette, héros du siège perdu par les assaillants turcs en 1565. Les Chevaliers étaient issus des grandes familles aristocratiques ...

Les débuts de la photo... Partie I

En 1839, Arago explique devant l'Académie des Sciences et celle des Beaux-Arts un nouveau procédé de fabrication des images : la photographie. Issue des travaux de Daguerre et de Niepce, elle succède au daguerréotype  né en 1838. Parallèlement, le britannique W.H.Fox Talbot invente le négatif sur papier. Charles Cros mettra au point en 1869 les premières épreuves en trichromie. Les pionniers de la photo commencent par imiter la peinture, et ils se consacrent au paysage avant de développer le portrait. Avec Nadar, dans les années 1850, la photo devient véritablement un art reconnu. Gustave Le Gray (1820-1884), élève de Paul Delaroche (célèbre peintre d'histoire mi-classique, mi-romantique), est le premier photographe à suivre en forêt de Fontainebleau les artistes qu'on réunira sous la dénomination "Ecole de Barbizon". Le Gray fuit l'épidémie de choléra qui sévit à Paris. Il fera de la forêt un véritable atelier photographique grandeur natu...

Le monde végétal... Partie I

Aux nombreuses publications sur les bénéfices de la sylvothérapie, il faut ajouter le travail des neuro-biologistes sur l'intelligence et les capacités de communication du monde végétal. Les plantes sont dotées d'un "cerveau diffus", toutes leurs cellules fonctionnent comme des neurones. Grâce à leurs cinq sens, elles captent, transmettent (y compris aux animaux) et s'échangent les informations essentielles concernant leur environnement sans l'aide du mouvement puisqu'elles ne peuvent se déplacer! En outre, leur fonction capitale qu'est la photosynthèse rend la vie humaine dépendante du monde végétal pour la nourriture, l'apport en oxygène et l'apport d'énergie fossile. Ainsi le monde vivant inclut aussi le monde végétal, contrairement à l'opinion d'Aristote (encore validée au 19ième siècle) qui considérait le végétal proche des objets inanimés. Notre conception de la Nature en est profondément bouleversée : ...