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Photographier la différence... Partie III




Nous avons vu comment la photo peut documenter les différences entre les êtres humains : différences tantôt évidentes ( couleur de peau... ), tantôt discrètes, difficiles à cerner ( maladies mentales... ). Ce thème de la différence, toujours passionnant, est encore illustré cette année aux Rencontres d'Arles par les photos de nains et de géants provenant de la collection de C.Ribouilloult.

Comment le spectateur reçoit-il les représentations de la différence? L'image peut-elle modifier sa perception, et le faire évoluer du rejet et de la stigmatisation vers l'attention, l'empathie et l'acceptation de ce qu'il ne voulait pas connaître? L'image peut-elle modifier sa vision du monde, voire sa vision de lui-même et le faire s'interroger sur sa propre vie?

Morandini a trouvé intéressant de fixer le regard d'inconnus croisant dans la rue une jeune patiente en déambulateur : expression fuyante, gênée, ou effrayée, parfois regard inquisiteur des passants.



Certaines photos ont un rôle pédagogique évident : afficher les graves blessures des accidentés de la route et leurs séquelles vise à sensibiliser le public aux conduites à risque et à dénoncer l'irresponsabilité de certains. Montrer les cancers et autres dégats causés par le tabac et l'alcool laisse espérer une prise de conscience salutaire.
Les reportages de Depardon sur les hôpitaux psychiatriques dans les années 1970/80 ont contribué à améliorer la prise en charge des malades grâce à la prise de conscience des institutions concernées.

Parfois les objectifs du travail photo s'avèrent plus complexes ainsi que le ressenti du spectateur : exposer de superbes individus très séduisants, danseurs, sportifs, artistes, à l'anatomie parfaite, dont on imagine que certains sont séropositifs peut alerter sur une maladie insidieuse, longtemps invisible sur le corps, bien que mortelle si elle n'est pas traitée précocement. Ces images peuvent donc inciter au dépistage, aider les patients à accepter leur maladie et les traitements nécessaires, tout en les encourageant à mener une vie normale. Mais ces images peuvent aussi banaliser cette affection redoutable, donner l'impression que rien ne distingue ni ne sépare séropositifs et séronégatifs et entretenir ainsi un leurre dangereux.



Le malade, l'individu hors norme, entravé par sa condition, est un sujet affaibli vulnérable. Pieds et poings liés par sa maladie dans une société en perte de repères qui développe l'individualisme, qui produit de la précarité et qui fragilise ses membres, il doit affronter rejet et ostracisme. Comme le diamant, symbole de pureté, de résistance et d'engagement, il affronte son destin avec lucidité, courage et persévérance et espère vaincre la maladie.


Marie vous parle photos
Photos de Jean-André Halin 

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