Nous commençons cette revue de quelques grands représentants du photo-reportage avec le plus célèbre d'entre eux : Henri Cartier-Bresson, dont le travail photographique s'étend de la fin des années 1920 au début des années 2000. "Le plus grand photographe des temps modernes" pour A.Pieyre de Mandiargues, H.C-B est aussi le premier a acquérir une notoriété internationale dés 1950.
HC-B est issu de la haute bourgeoisie. Il acquiert une solide culture artistique au contact de J.E.Blanche et se forme au dessin et à la peinture dans l'atelier du cubiste André Lhote. Dans les années 1920/30 il fréquente le groupe surréaliste : il est proche de Max Ernst, il croise Dalì et se familiarise avec le rêve et les dérives de l'inconscient. Cette expérience dans l'avant-garde surréaliste lui permet de se libérer de la tradition artistique de l'époque ( post-impressionnisme... cubisme ). Lhote lui avait appris le sens de la composition, la géométrie et la structure de l'image. HC-B y ajoute maintenant la précision, la focalisation sur un sujet et la puissance du regard. Il est influencé par Eli Lotar, E.Atget, Magritte...
HC-B s'intéresse aux sujets ordinaires rarement représentés, ainsi qu'aux sujets inhabituels, étranges : par exemple les restes d'animaux morts aux abattoirs de la Villette ( 1932 ). Il intègre les registres qui associent et opposent le corps et l'objet, le vivant et le mort ( ou l'inerte ), registres typiques du surréalisme.
HC-B a le goût des voyages et de l'ouverture au monde. C'est en 1930 qu'il décide de se consacrer à la photographie, après avoir découvert l'image réalisée par un photographe hongrois, de trois enfants africains en contre-jour, courant se baigner dans le lac Tanganyika. HC-B dit vouloir "témoigner des cicatrices du monde avec un instrument plus rapide qu'un pinceau".
HC-B part en 1930 en Côte d'Ivoire. En 1931, il visite l'Italie, l'Espagne, les pays de l'est européen. En 1934 se sera le Mexique ( pays "le plus surréaliste" pour A.Breton ). HC-B photographie les quartiers pauvres, le petit peuple, les prostituées, les enfants, avec toujours le souci de l'authenticité. C'est l'école de la rue. A cette époque son but est de saisir l'essentiel d'une scène en une seule image. Il travaille avec le Leica, en noir et blanc qu'il manie merveilleusement, il cadre et équilibre les formes avec une grande virtuosité. HC-B est le maître de "l'instant décisif" : l'image est fixée à un instant précis, unique, selon "l'inconscient optique" du photographe qui est en mouvement comme l'est aussi le monde. Mais au souci d'organisation et de construction de l'image, se joignent la tendresse, l'humour, la poésie.
Nous aborderons l'engagement politique d'HC-B, son travail pour l'agence Magnum ainsi que la fin de sa carrière dans la prochaine partie.
Marie vous parle photos
Photos de Jean André Halin
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