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Le photoreportage.... Partie II




Dans les années 1930, H.C.B partage les mêmes idéologies et les mêmes engagements politiques que les surréalistes : communiste, anti-fasciste, anti-colonialiste, il considère le communisme comme un contre-pouvoir nécessaire face aux ligues d'extrême-droite qui manifestent en 1934, et face à la menace fasciste qui pèse sur l'Europe ( Allemagne, Italie, Espagne ). Il se rapproche des écrivains et artistes révolutionnaires comme le photographe R.Capa et le cinéaste Jean Renoir. Il collabore à trois films majeurs de Renoir dont "La vie est à nous" qui traduit l'esprit du Front Populaire et est interdit par la censure. H.C.B n'a pas la carte du Parti Communiste, mais c'est un artiste libre qui travaille pour le magazine du P.C. "Regards" et pour le journal d'Aragon "Ce Soir". Il photographie les congés payés avec "Dimanche sur les bords de Seine" en 1938.

Il votera communiste jusqu'en 1956, date de l'insurrection de Budapest écrasée par les soviétiques. Il restera toujours discret sur ses opinions politiques pour préserver sa possibilité de circuler librement tant à l'Est qu'à l'Ouest.

Pendant la guerre d'Espagne, il tourne trois documentaires de propagande républicaine, notamment sur les Brigades Internationales, mais il ne prend aucune p hotographie ( ce qu'il regrettera amèrement plus tard devant la célébrité des vues rapportées du conflit par R.Capa ). H.C.B considère alors le cinéma comme un outil de communication plus efficace et permettant une plus large audience que la photo.

En 1940, il a 31 ans. Réserviste dans l'infanterie, il rejoint l'unité "Film et Photographie" sur la ligne Maginot. Il y est fait prisonnier et passera trois ans de captivité en Allemagne. A la troisième tentative il s'évade du stalag et rejoint la Résistance à Lyon. Il retournera dans la ferme des Vosges où il avait enterré son Leica avant le conflit.
Jusqu'à la fin de sa vie, il gardera le souvenir bouleversant de sa captivité. En participant au film documentaire "Le Retour" sur le rapatriement des prisonniers et déportés, il traduira un peu de l'émotion qu'il n'exprimera quasiment jamais.
Lors de la Libération il est à Paris, il en photographiera tous les aspects.


En 1947 H.C.B crée l'agence coopérative MAGNUM avec R.Capa et David Seymour dit Chim. 
Deux motivations à cette entreprise : d'abord, dans cette structure les photographes affirment leur droit de rester propriétaires de leurs images. Ils font des reportages sur commande pour la presse. H.C.B est l'ami de R. Thérond et contribue à la naissance de Paris Match : le magazine publiera nombre des reportages de Cartier-Bresson. D'autre part, H.C.B prend conscience que les considérations esthétiques ne sont plus prioritaires. Il s'engage à fond dans le photoreportage et le photo journalisme au détriment de la photo artistique. Il veut témoigner de la misère et de la violence sur tous les fronts du monde.


C'est l'intérêt pour l' humanité, "l'appétit" pour les êtres photographiés, leur dimension physique, intellectuelle et psychologique qui le guident.


La prochaine fois nous évoquerons les voyages d'H.C.B à travers le monde pour MAGNUM, puis les dernières années de sa vie.

Marie vous parle photos
Photos de Jean-André Halin

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